Ariane

Ariane baigne ses cheveux dans l’eau fraîche de tes yeux.

Deux danseuses, deux danseurs, six phrases chorégraphiques, quelques dizaines de mots, une obsession.

Voici la question que pose notre pièce : À travers l’obscurité, l’enfermement, l’angoisse de la répétition absurde, le chaos, la dévoration, quel est notre fil d’Ariane ?

Nous imaginer dans le labyrinthe du Minotaure nous permet d’expérimenter différents états de corps. Comment agrandir ses espaces intérieurs quand l’espace environnant se rétrécit ? Quel fil d’Ariane suivre, attraper, lâcher, récupérer pour évoluer dans les couloirs obscurs ? Les fils de la gestuelle, du partenaire, de la voix, du souffle et du temps nous ont conduits. Même si le fil est ténu, invisible, même si nous le perdons, il est là et nous pouvons y revenir. Se perdre, se retrouver, arpenter le labyrinthe encore et encore, les murs, les couloirs, les culs de sacs, les passages secrets. Pour évoluer face à l’impermanence et à l’incertitude d’un labyrinthe dont les murs, les couloirs, les passages sont mouvants, nous cherchons à épouser le flux, de la réaction ludique à la jubilation de la métamorphose. Danseuses : Guillemette Bailly et Clémence Gouvenou. Danseurs : Glen Chapron et Thomas Vieille. Photographe : Pauline Rühl Saur. Chorégraphe et autrice des textes : Delphine Guillaume.

Thésée

Je ne vois même pas le bout de mes pieds. L’obscurité est dense, opaque. Lourde. J’entends mon souffle rauque qui résonne contre les murs de pierre, qui m’assomme. Sa respiration à elle est régulière, calme, sans ces petites apnées qui me serrent la poitrine. Ma gorge est sèche. Sans elle, je suffoquerais. Je la suis. Je sens le fil glisser entre mes doigts. Épais, un peu élastique, légèrement huileux. Si jamais nous sommes séparés, ne lâche pas le fil, m’a-t-elle dit de sa voix chaude et enrouée. J’aurais préféré lui tenir la main. Ses cheveux bleus, boucles et tresses, ondulent, dégringolent, serpentent, rebondissent dans son dos. Je ne vois rien d’autre. Ils luisent dans le noir. Mon monde est un monde de spirales de cheveux, de musique de souffle et de froissement d’étoffes, de parfum frais et tiède de femme qui marche. Delphine Guillaume.